CELERI

 

CÉLERI

Synonyme : ACHE.

Apium graveolens L. (Famille des Ombellifères).Nom anglais : Celery. — Nom allemand : Sellerie.

Description sommaire. — Plante de 40 à 50 centimètres, aux racines fibreuses, aux feuilles odorantes divisées, pourvues de larges côtes charnues et tendres, aplaties ou creusées en gouttières. Les hampes florales hautes de 0m,60 apparaissent la deuxième année et portent des ombelles de très petites fleurs jaunâtres.

Le Céleri, modifié peu à peu par la culture, a donné deux types bien distincts suivants :

A. Céleri à Côtes ou Céleri en branches, chez lequel les côtes ont pris un développement considérable; ce sont elles que vous consommez.

B. Céleri-rave, chez lequel la racine, très charnue et renflée, est la seule partie consommable.

Ces deux types seront donc décrits séparément.

Multiplication. — Par graines seulement; sur couche et en côtière.

Graines. — Petites et triangulaires, très aromatiques. Le litre pèse 480 grammes, et chaque gramme renferme près de 2500 graines. Leur durée germinative est de 6 à 8 ans. La germination s'effectue d'une façon plutôt capricieuse, après 8 ou 10 jours sur couche et 15 à 25 jours en côtière.

Quantité de semence nécessaire. — Semez très dru en pépinière : un gramme ou fraction de gramme.

Prix de la semence. 15 gr. : 6 à 10 fr. ; le paquet : 2 fr. à 3 f r.

Climat. Sol préféré. — Le céleri aime les régions humides et par conséquent les terrains frais, meubles et bien fumés, pouvant être abondamment arrosés.

Épuisement du sol. Rotation. Fumure. — Le céleri est très épuisant et il ne doit revenir dans la même parcelle que tous les 3 ans, au maximum. Il aime les fumures abondantes au fumier consommé et vient très bien dans les terres humifères des anciens marais, de même que dans le terreau pur.

I- — CÉLERI A COTES

Céleri plein blanc doré

Variétés.

Céleri doré Barbier ou Céleri plein blanc doré extra hâtif, côtes courtes.

Céleri plein blanc Premier, vigoureux, arrive 15 jours plus tard.

Céleri plein blanc Lepage, à côtes larges et pleines.

Céleri plein blanc à grosses côtes, sans drageons, assez semblable au précédent.

Céleri Pascal plein blanc, côtes arrondies, de bonne conservation.

Céleri violet de Tours, côtes violacées, rustique. '

Céleri à couper « de décembre » et « de Dinant », à port érigé et serré, donne des côtes allongées pendant tout l'automne.

Céleri Pascal plein blanc

Culture de pleine terre. -Semez en côtière, très clair pour éviter un repiquage, du 15 avril à la fin mai; recouvrez très légèrement de terreau, et plombez. Eclaircissez de façon à conserver 6 centimètres entre les plants.

Arrachez ceux-ci dès qu'ils ont quelques feuilles, coupez ces dernières vers leur milieu et plantez en lignes en vous aidant du plantoir ; espacez les pieds de 30 centimètres en tous sens et enfoncez le collet de 2 centimètres en terre; arrosez au goulot.

Le développement du céleri étant assez lent au début, plantez de préférence dans une planche de laitues aux trois quarts venues, sarclez, binez et arrosez copieusement; plus tard, procédez au blanchiment.

Culture sous verre. — Sur couche tiède de 15 à 18 degrés, semez de février à fin mars, assez dru et dans du terreau, la variété à propager. Repiquez aussitôt que possible en pépinière, sur couche, à 8 centimètres d'intervalle pour multiplier le chevelu. Arrosez fortement. Mettez en pleine terre à 35 centimètres, en tous sens et au carré dès que les plants de 15 centimètres paraissent vigoureux et trapus (fin avril, commencement de mai). Mouillez abondamment en été pour éviter la montée à fleur.

Comment avoir du céleri pendant 9 mois. — Semez la première saison en fin janvier, repiquez en fin février, plantez sous châssis en mars, retirez les châssis en avril; récoltez au commencement d'août. Semez une seconde saison au 20 avril, plantez mi-mai, rentrez en cave ou enterrez le tout en tranchée vers le 20 octobre pour consommer graduellement jusqu'en avril.

Maladies et ennemis. — La Rouille due à un champignon (Puccinia bullata) ou parfois au Cercospora Apii; elle détermine en été de nombreuses taches rouillées sur les feuilles; la végétation est alors bloquée.

Taches des feuilles de cèleri

 

REMÈDE : Traitez préventivement, à 2 reprises, avec l'oxychlorure.

Sclerotinia libertiana. La racine du Céleri rave noircit surtout au collet ; l'écorce devient verruqueuse, se creuse et pourrit. Mêmes remèdes.

Un seul insecte en dehors des escargots ou des limaces : La mouche du céleri (Tephretis onopordis ou Acidia Heraclei); ses larves, effilées, minent le parenchyme des feuilles.

Remède : poudrage au roténone.

Porte-Graines. Choisissez de beaux pieds dans les derniers semis; ne les blanchissez pas, mais hivernez-les avec leurs mottes dans du sable, en cave. Au début d'avril, plantez lesau jardin à 0m,50 en tous sens. Les hampes florales donnent leurs graines en août, époque à laquelle il faudra rentrer les tiges pour les faire sécher et puis les battre.

Durée de la culture. — 6 à 7 mois.

Blanchiment. -- Pour blanchir les pieds, buttez-les ou rechaussez-les presque jusqu'au sommet (voir fig. 79), en procédant à trois reprises différentes, 1 , 2 et 3, à 8 jours d'intervalle. Si vous ne disposez que de quelques pieds, vous pourrez procéder comme suit :

Liez un quart des pieds avec un lien de paille ou de chanvre A qui redressera les feuilles, ramassez la terre des interlignes autour du collet, bourrez de paille les intervalles séparant les pieds, et recouvrez le tout de longue paille ou de quelques débris de planches; après 18 ou 20 jours, prélevez les pieds un par un pour la consommation; préparez un mois plus tard et de la même façon quelques autres pieds qui vous assureront une nouvelle récolte après 3 semaines.

Enfin, pour la deuxième moitié de la planche, dans le but de prolonger la récolte, procédez comme il est dit ci-dessus.

S'il s'agit d'une variété susceptible de se conserver vous pourrez rentrer quelques pieds en cave, les enjauger et les priver de lumière.

Les jardiniers maraîchers s'y prennent autrement, opérant sur des quantités plus considérables :

1° Les uns plantent dans des tranchées profonde de 25 à 30 centimètres; et buttent surplace — le moment venu — en chargeant en 3 fois la planche à l'aide de la terre extraite de la dite tranchée, lors de la plantation.

2° D'autres arrachent tous les pieds en octobre après les avoir liés, et les plantent à intervalle de 15 centimètres au fond d'une tranchée de 30 centimètres; ils arrosent ensuite pour faire glisser la terre et aider à l'enracinement; à l'approche des gelées seulement, la terre extraite est glissée à la pelle entre les lignes des céleris; des feuilles ou de la paille sont alors répandues sur le tout. De la sorte, même lorsqu'il gèle, il est facile d'arracher.

Pied de cèleri préparé pour être blanchi

N 'oubliez pas que le céleri blanchi  pourrit facilement; n'étiolez donc que la quantité prévue pour la vente ou la consommation.

Récolte. — Arrachez les pieds dès qu'ils sont blanchis ;habillez-les en coupant les feuilles supérieures ainsi que les racines.

Conservation. — Enjaugez dans des tranchées comme i1 a été dit et vous pourrez conserver les céleris 1 ou 2 mois; mais dans le magasin à légumes, enfoncés dans du sable frais, vous conserverez jusqu'en avril et mai les pieds que vous aurez rentrés par un temps sec.

Rendement. Prix de vente. — Vous récolterez de 800 à  1000 pieds par are pesant chacun de 800 grammes à 1 kilo, et valant en moyenne 2 à 3 fr. l'unité.

Usages. — Voyez Céleri-rave.

II. — CÉLERI-RAVE

Céleri-rave géant de Prague

Variétés.

Céleri-rave de Paris amélioré, racine aplatie.

Céleri-rave de Gennevilliers, racine ronde.

Céleri-rave de Genève ou Céleri-rave de Cernier, feuillage court.

Céleri-rave géant de Prague, racine ronde et feuillage développés.

Céleri-rave maraîcher, racine lisse, tendre. 

Culture de pleine terre. Semez en pépinière et assez dru, dès la première quinzaine de mai (en côtière). Repiquez en terre riche à deux reprises en supprimant l'extrémité du pivot de façon à développer le chevelu.

Plantez en place à 35 sur 40 centimètres; sarclez, binez et paillez; arrosez abondamment, surtout en juillet.

Deux fois par mois, en septembre et octobre, arrachez les quelques feuilles jaunes de la base, coupez les quelques racines supérieures pouvant exister sur la rave; eu un mot mettez à nu la partie supérieure pour en faciliter le grossissement.

Culture sous verre. — Elle ne comprend que le semis et le repiquage sous verre; la plantation se fait en plein air.

Semez sur couche tiède fin février ou commencement mars; repiquez à 8 centimètres sur vieille couche ou sur côtière, dans la première quinzaine d'avril; repiquez si possible une seconde fois dans les mêmes conditions, un mois plus tard; plantez en pleine terre en fin mai, soit dans une planche de choux-fleurs ou de romaines, soit .dans un terrain libre.

Comment avoir du Céleri-rave pendant 9 mois. — La première saison, semée en février, vous fournira les premiers produits à partir du mois d'août et jusqu'en octobre; la seconde saison commencera à donner à cette époque et les racines seront susceptibles d'être consommées graduellement jusqu'en mai.

Maladies et insectes nuisibles. — La Rouille; les Limaces, Escargots, et Mouche du céleri (voyez au Céleri à côtes).

Porte-graines. — Choisissez quelques racines bien faites, lisses, n'ayant qu'un seul coeur; supprimez les feuilles mais conservez ce coeur; hivernez ces porte-graines à la façon des carottes destinées au même usage (en cave et, si possible, en stratification) et plantez-les au jardin au 1er avril, à 0m,70 en tous sens.

Pour la récolte des graines, voir au Céleri à côtes.

Durée de la culture. — Il s'écoule entre le semis et l'époque favorable pour la consommation :

1° 6 mois et demi pour les variétés hâtives faites en première saison.

2° 7 mois au moins pour les variétés de conserve.

Récolte. — Arrachez les pieds avant les froids et, au moyen d'un couteau, coupez feuilles et racines.

Conservation. — Ainsi préparées, rentrez les racines au cellier ou en cave où elles ne flétriront que lentement. Vous pouvez les mettre en jauge, à touche touche, dans le jardin, couvertes de terre ou de longue paille.

Rendement. Prix de vente. — Par are, 700 pieds pesant environ 700 à 800 grammes l'un et valant 1 fr. 25 à 2 fr. 50.

Matériel d'emballage. —Le Céleri à côtes comme le Céleri rave sont expédiés le plus souvent dans des mannequins ou de grandes corbeilles ; les seconds voyagent cependant sans inconvénient dans des sacs, comme de simples pommes de terre.

Usages et propriétés. — Le Céleri en branches ou à côtes se consomme le plus souvent cru, en salade.

Le Céleri-rave, épluché et coupé en tranches, s'associe parfaitement à une salade de mâche ou de betterave. Cuit, il constitue un plat très nourrissant.

Les feuilles des deux espèces servent à parfumer le bouillon du pot-au-feu.

Les graines, aromatiques, servent beaucoup en Angleterre pour parfumer les potages ; on en fait aussi une liqueur ou extrait servant à parfumer.

Le Céleri a des propriétés excitantes; il agit contre les rhumatismes.

Le Céleri dit « de distillerie » est cultivé dans le Midi, pour ses graines que l'on exporte en Amérique.

ANANAS

 

ANANAS

Ananas sativus SCHHLT. — Bromelia Ananas L. — Ananassa sativa LINDL. Famille des Broméliacées.

Amérique tropicale. — Vivace. — L'Ananas paraît avoir été cultivé de tout temps aux Indes occidentales. La culture en a été introduite en Europe dans la seconde moitié du dix-huitième siècle et n'a cessé de se perfectionner depuis lors. Bien qu'elle demande des soins tout particuliers et un matériel spécial, nous n'avons pas cru devoir l'exclure de ce travail.

Cette culture tend toutefois à diminuer d'importance en Europe, la rapidité des moyens de transport permettant aujourd'hui à certaines colonies de nous approvisionner largement et à un prix relativement modeste.

La plante se compose d'une tige courte, portant de nombreuses feuilles glauques, canaliculées, beaucoup plus longues que larges, garnies sur les bords de dents très dures et très aiguës, au moins dans la plupart des variétés. Les fleurs, bleutées, assez insignifiantes, sont sessiles et réunies tout autour de la tige, au-dessus des feuilles, en un épi dense, couronné d'un bouquet de feuilles semblables aux autres, mais beaucoup plus courtes. Après la floraison, l'épi tout entier se gonfle et devient charnu, formant à la maturité un fruit oblong dont la surface imite assez bien les écailles d'un cône de Pin pignon. C'est cette apparence qui a fait donner au fruit ses noms anglais et espagnol qui signifient l'un et l'autre « pomme de pin ».

CULTURE. La culture des Ananas demande beaucoup de soins et de précautions, qu'il n'est pas possible de mentionner ici par le détail; nous en indiquerons simplement les principales opérations, renvoyant pour le reste aux traités spéciaux.

Originaire de pays tropicaux, où la chaleur est presque constante sans être excessive, l'Ananas n'exige pas une période de repos annuel. La végétation doit, au contraire, en être poussée constamment au moyen de la chaleur artificielle. Pour en obtenir de beaux fruits dans le plus court espace de temps possible, il faut faire en sorte que les plantes soient constamment tenues à une température à peu près régulière de 22 à 25degrés l'hiver et de 25 à 30 degrés l'été. Les bâches à Ananas peuvent être chauffées soit au thermosiphon, soit par des réchauds composés de fumier, de tannée ou d'autres substances végétales en fermentation. Le chauffage au thermosiphon est plus coûteux, mais il permet de régler la température d'une manière bien plus sûre et plus facile. La multiplication se fait généralement par oeilletons; quelquefois par graines ou par boutures de couronnes : on appelle« couronne » le bouquet de feuilles qui surmonte le fruit. Le semis n'est guère employé qu'en vue d'obtenir des variétés nouvelles; il faut trois ou quatre ans au moins pour avoir des fruits sur les plantes de semis. Les couronnes ont été longtemps employées pour la multiplication de l'Ananas; on leur préfère aujourd'hui les oeilletons, dont l'emploi donne des résultats beaucoup plus rapides. Les oeilletons doivent être détachés avec soin, parés à la base, et empotés immédiatement, autant que possible avec toutes leurs feuilles. Ceux qui sont pris le plus près de la base des tiges sont les meilleurs. On peut laisser les oeilletons attachés à la tige mère après que le fruit en a été coupé, si la saison est peu avancée : ils prennent alors de la force avant d'être sevrés; mais il est désirable que cette opération ne se fasse pas plus tard que le mois de Septembre.

Avocat de cayenne

La terre qui convient le mieux aux Ananas est une terre légère, moelleuse, contenant une forte proportion de matière végétale à l'état fibreux, et ne se battant pas par les arrosements. On peut l'obtenir en mélangeant un tiers de bonne terre avec un tiers de terre de bruyère et un tiers de terreau de feuilles. Ce mélange doit être ensuite enrichi suivant le besoin, avec du fumier bien décomposé, réduit à l'état de terreau.

Pendant le premier hiver, les jeunes plants sont tenus en bâche, aussi près du verre que possible ; pendant l'été, on peut les dépoter et les mettre dans une bâche ouverte, que l'on couvre seulement quand l'abaissement de la température l'exige. A la fin de l'été, on rempote les plantes dans des pots plus grands et on les hiverne de nouveau dans une bâche bien chauffée. Au printemps, la plupart des plantes doivent se préparer à fleurir. Dans le but d'obtenir des fruits plus volumineux, on en choisit alors quelques-unes prises parmi les plus belles pour les faire fructifier en pleine terre en serre, si l'on en a le moyen ; le reste fructifie en pots, et l'on peut échelonner la production en plaçant successivement dans une bâche à température plus élevée les plantes montrant leur fruit. 

En opérant dans les meilleures conditions et avec les variétés précoces, on peut arriver à obtenir des fruits en moins de dix-huit mois, à compter du moment où l'oeilleton a été détaché de la plante-mère.

USAGE. — Le fruit, de saveur fine et agréablement parfumé, se mange cru, ou apprêté et confit de diverses manières. Les horticulteurs distinguent un assez grand nombre de variétés d'Ananas ; les plus estimées sont les suivantes :

I — VARIÉTÉS A FEUILLES LISSES.

Ananas de Cayenne ou Maïpouri. — Fruit pyramidal, très gros. Variété assez tardive, d'excellente qualité.

Ananas de la Havane. — Bonne variété, mais inférieure à l'Ananas de Cayenne.

II — VARIÉTÉS A FEUILLES ÉPINEUSES.

Variétés hâtives.

Ananas de la Providence. — Fruit oblong ou ovale, d'un jaune rougeâtre, d'une beauté remarquable, et très précoce.

Ananas du Montserrat. — Également très précoce. Fruit cylindrique, quelquefois plus large au sommet qu'à la base, de couleur cuivrée ; chair ferme, juteuse et d'une qualité excellente.

Ananas Enville. — Fruit pyramidal, de couleur orange foncé, couronne petite ; chair jaune pâle, juteuse, parfumée.

Variétés de moyenne saison.

Ananas de la Martinique ou Ananas commun. — Fruit moyen ou petit, orangé ; chair ferme, extrêmement parfumée.

Ananas Comte de Paris. — Variété sortie de l'Ananas commun ; s'en distingue par son fruit beaucoup plus gros et plus beau.

Ananas de la Jamaïque. — Fruit ovale-allongé, brunâtre, de grosseur médiocre, mais à chair ferme, juteuse et très parfumée. Excellente variété pour l'hiver.

Ananas Enville Pelvillain. — Gros fruit pyramidal.

Ananas Enville Gonthier. — Gros fruit cylindrique.

Ananas pain de sucre. — Fruit cylindrique, jaune foncé ; chair jaune, sucrée et parfumée. Il en existe une variété à feuilles rayées de blanc.

Var. tardives.

Ananas Charlotte Rothschild. — Fruit régulièrement cylindrique ou un peu ovale, jaune d'or ; chair jaune, très juteuse. Bonne variété d'hiver. Plante vigoureuse et prompte a se mettre à fruit.

Ananas d'Antigoa vert. — Bonne variété d'hiver, très juteuse, très parfumée.

D'après Les plantes potagères, description et culture des principaux légumes des climats tempérés - Vilmorin et Andrieux - 1925

AMARANTE DE CHINE

 

AMARANTE DE CHINE.

Amaranthus spec. Fam. des Amarantacées.

Plusieurs formes (espèces ou variétés) d'Amarantes sont cultivées et employées comme légumes dans les parties chaudes de l'Asie, principalement en Chine et dans les Indes. Il en a été, à plusieurs reprises, apporté des graines en Europe, où il ne semble pas que ces plantes aient jamais été admises dans les cultures usuelles, malgré les avantages incontestables qu'elles présentent. Le produit, en effet, est considérable, la qualité comme légume, tout à fait égale à celle des Épinards, et la culture très facile.

C'est notamment le cas pour l'A. de Chine, plante rameuse qui ressemble beaucoup à l'Amaranthus tricolor, lorsque celui-ci dégénère et tourne au vert ou au rouge brun. Son principal défaut est d'être tardive et de mûrir difficilement ses graines sous le climat de Paris.

Deux autres variétés potagères d'Amarante ont été introduites en Europe, mais ne sont pas plus cultivées que la précédente, malgré l'intérêt qu'elles pourraient présenter pour les localités chaudes et sèches. Ce sont :

L'Amaranthus Mirza, originaire des Indes orientales ;

Et l'Amaranthus Hantsi Shangaï, rapporté de Chine par Robert Fortune à la Société d'horticulture de Londres.

D'après Les plantes potagères, description et culture des principaux légumes des climats tempérés - Vilmorin et Andrieux - 1925

ALKEKENGE JAUNE DOUX

 

ALKÉKENGE JAUNE DOUX

Physalis peruviana L. var. — Physalis edulis Surs. Famille des Solanacées.

SYNONYMES : Alkékenge du Pérou, Capuli, Coqueret comestible, Groseille du Cap.

Amérique méridionale. — Annuel ; vivace sous les tropiques et dans le Midi.

ALKÉKENGE JAUNE DOUX

Plante à tige anguleuse, de 0m70 à 1 mètre de haut, très rameuse ; feuilles cordiformes ou ovales, molles, velues, un peu visqueuses; fleurs solitaires, petites, jaunâtres, marquées au centre d'une tache brune ; calice vésiculeux, très ample, renfermant un fruit juteux, jaune orange, de la grosseur d'une cerise. Graine petite, lenticulaire, lisse, jaune pâle; un gramme en contient environ 1 000 ; le litre pèse 650 grammes ; sa durée germinative est ordinairement de huit années.

CULTURE. — Dans le Midi, l'Alkékenge réussit en pleine terre sans réclamer aucun soin particulier; sous le climat de Paris, il est bon de le semer sur couche et de lui donne la culture des Aubergines et des Tomates.

USAGE. — Dans les pays méridionaux, on recherche le fruit à cause de sa saveur légèrement acide. Il se mange cru ou confit ; on en fait aussi des confitures.

On cultive encore quelquefois, pour leurs fruits, le Physalis barbadensis Jacq. et 1e Physalis pubescens L.

L'Alkékenge connu sous le nom de Petite tomate du Mexique (Ph. philadelphica LAMK., Ph. violacea CARR.) est une espèce franchement annuelle et d'une croissance rapide, qui mûrit parfaitement ses fruits sous le climat de Paris. On doit la considérer comme plante médicinale plutôt qu'alimentaire.

L'Alkékenge officinal (Physalis Alkekengi L.), espèce vivace, se cultive quelque fois comme plante ornementale sous le nom de Cerise d'hiver, Amour en cage ; bien que comestible, le fruit de cette espèce ne doit être consommé que très modérément.

Le Physalis Francheti, d'introduction relativement récente, est une variété japonaise de l'Alkékenge officinal. Il est remarquable par la taille de ses fruits et surtout de ses calices, nombreux et très persistants, qui atteignent 20 et 25 centimètres de circonférence et se colorent de jaune foncé passant ensuite au rouge orangé vif. —Le P. Francheti est vivace, rustique et de nature traçante. D'une culture très facile il est plus intéressant pour l'ornementation des jardins ou des appartements que pour la consommation. 

D'après Les plantes potagères, description et culture des principaux légumes des climats tempérés - Vilmorin et Andrieux - 1925

AIL ROCAMBOLE

 

AIL ROCAMBOLE

Allium Scorodoprasum L.

Synonymes : Ail d'Espagne, Échalote d'Espagne, Rocambole. 

Europe méridionale. — Vivace. — La tige, contournée en spirale à sa partie supérieure, porte à son sommet un groupe de bulbilles pouvant servir à la reproduction ; mais ce moyen est peu employé, la plantation des caïeux donnant des résultats plus rapides.

CULTURE. — La plantation doit se faire à l'automne ou au plus tard en Février; on place les caïeux à 0m10 les uns des autres, sur des rangs espacés entre eux de 0m30.

L'usage en est le même que celui de l'Ail ordinaire.

D'après Les plantes potagères, description et culture des principaux légumes des climats tempérés - Vilmorin et Andrieux - 1925

AIL ROSE HATIF

 

AIL ROSE HATIF.

Variété plus précoce que l'Ail commun, s'en distinguant aussi par la teinte rose de la pellicule qui enveloppe les caïeux. Aux environs de Paris, cette variété se plante presque toujours à l'automne, car elle réussit moins bien faite de printemps.

On donne le nom d'Ail rouge à une variété assez répandue en France, surtout dans l'Est. Les caïeux, gros et courts, sont d'un rouge vineux. Comme ils sont notablement plus gros que ceux de l'Ail blanc, il faut compter deux litres et demi de gousses pour la plantation d'un are, tandis que la même étendue peut être plantée avec un litre et demi de caïeux d'Ail blanc. L'Ail rouge demande aussi une terre plus riche et plus substantielle.

Jadis il a été question, sous le nom d'Ail rond du Limousin, d'une variété qui ne nous a pas semblé différer sensiblement de l'Ail commun. On peut toujours obtenir de celui-ci des têtes arrondies en le plantant tard. Ces mêmes têtes, replantées entières l'année suivante, donnent naissance à des bulbes d'un volume relativement énorme.

D'après Les plantes potagères, description et culture des principaux légumes des climats tempérés - Vilmorin et Andrieux - 1925

AIL BLANC ou COMMUN

AIL BLANC ou COMMUN

Allium sativum L.

Famille des Liliacées.

AIL BLANC ou COMMUN

Europe méridionale. — Vivace. — Plante bulbeuse, dont toutes les parties, et principalement la portion souterraine, possèdent une saveur forte et brûlante bien connue ; tige haute de Om40 à 0m60. Les bulbes, ou têtes d'ail, se composent d'une dizaine de caïeux ou gousses réunis par une pellicule très mince, blanche ou rosée.

L'Ail ne fleurit presque jamais, au moins sous notre climat, et se multiplie exclusivement par ses caïeux. On préfère pour la plantation ceux du pourtour de la tête à ceux du centre, qui sont d'ordinaire moins bien développés.

L'Ail blanc ou commun est la variété la plus généralement cultivée ; l'enveloppe des têtes y est d'un blanc argenté.

CULTURE. — Sous le climat de Paris, l'Ail blanc se plante ordinairement à la sortie de l'hiver ; quelquefois, et surtout dans le Midi, on peut planter en Octobre pour récolter au commencement de l'été. On place les caïeux à 0m10 ou 0m12 les uns des autres, en lignes espacées d'environ 0m25, et à environ 0m03 de profondeur. L'Ail aime une terre riche, profonde et saine ; dans les sols humides, ou sous l'influence d'arrosements trop copieux, il lui arrive souvent de pourrir. Quand la tige de l'Ail a pris tout son développement, les jardiniers ont l'habitude de la tordre et de la nouer pour favoriser l'accroissement des bulbes. On arrache ces derniers à mesure que les tiges se dessèchent, on les bottelle, puis on suspend les bottes dans un grenier ou autre local sain et aéré où les bulbes se conservent facilement jusqu'au printemps suivant.

Dans de bonnes conditions culturales, et en année favorable, on peut obtenir 80 à 100 kilos de bulbes à l'are.

ENNEMIS. — La teigne des Poireaux et des Ognons (Acrolepia assectella) s'attaque aussi à l'Ail, plus rarement cependant. La chenille de ce micro lépidoptère dévore le parenchyme des feuilles ; elle étend même parfois ses ravages jusque dans le bulbe. Couper et brûler les feuilles atteintes le plus tôt possible.

On rencontre assez fréquemment, dans les cultures méridionales d'Ail, un charançon relativement gros, le Brachycerus algirus, dont la larve se développe dans les gousses ; arracher et brûler les pieds attaqués.

La « maladie de l'Ail » due à un champignon, le Pleospora herbarum, sévit parfois dans les cultures de cette plante; elle atteint les feuilles et les bulbes. La combattre par des pulvérisations de bouillie à base de sulfate de cuivre.

La « Graisse », due vraisemblablement à une bactérie qui détermine rapidement la pourriture des bulbes, est beaucoup plus redoutable; dans certaines contrées, il est même difficile de s'en préserver. Les moyens curatifs ne sont pas connus; on recommande simplement de n'employer pour la plantation que des gousses parfaitement saines, de faire la culture en terrain très perméable et d'éviter de la faire revenir trop fréquemment au même endroit.

USAGE. — On fait grand usage de l'Ail dans la cuisine des pays méridionaux; dans le Nord, ce condiment est beaucoup moins apprécié : il est vrai de dire que la saveur en est plus acre et plus violente dans les climats froids que dans les pays chauds.

D'après Les plantes potagères, description et culture des principaux légumes des climats tempérés - Vilmorin et Andrieux - 1925

ACHE DE MONTAGNE

ACHE DE MONTAGNE

Levisticum officinale KOCH; Ligusticum Levisticum L.  — Ombellifère

SYNONYMES : LIVÊCHE, CÉLERI BATARD .

Très grande plante vivace à feuilles radicales, grandes, luisantes, d'un vert foncé ; tige épaisse, creuse, dressée, se divisant au sommet en rameaux opposés et verticillés ; fleurs jaunes, en ombelle. Graine fortement aromatique, d'une durée germinative moyenne de trois années. L'Ache de montagne se multiplie par semis ou par division des touffes. La graine se sème aussitôt qu'elle est mûre, c'est-à-dire vers le mois d'Août. Dès l'automne ou le commencement du printemps, on met les jeunes plantes en place, en bonne terre fraîche. C'est aussi au printemps que doit se faire la multiplication par division des racines. La plantation peut durer plusieurs années sans être renouvelée. Les soins à lui donner sont exactement ceux que demande l'Angélique. Aujourd'hui, l'Ache de montagne n'est plus guère employée que pour la confiserie ; autrefois les pétioles et la base des tiges se mangeaient blanchis, de la même manière que le Céleri.

ACHE DOUCE. —Voy. CÉLERI.

D'après Les plantes potagères, description et culture des principaux légumes des climats tempérés - Vilmorin et Andrieux - 1925

ABSINTHE

ABSINTHE

Artemisia Absinthium L.
Famille des Composées.
SYNONYMES : Aluyne, Artémise amère.

 ABSINTHE

Indigène. — Vivace. — Cette plante est souvent cultivée dans les jardins pour ses propriétés médicinales. Les tiges, rudes, d'une hauteur d'environ 1 mètre à 1m50, sont rameuses et abondamment garnies d'un feuillage léger, très découpé et grisâtre, surtout à la face inférieure. Les fleurs, très insignifiantes et verdâtres, sont réunies en grappes au bout des rameaux. La graine est grise, très fine, au nombre d'environ 11500 dans un gramme; elle pèse 650 grammes par litre, et sa durée germinative moyenne est de quatre années.

CULTURE. — L'Absinthe se plaît à peu près en toute terre; dans la culture en grand, il est bon de la faire succéder à une plante sarclée et de fumer fortement. La multiplication s'opère par division des pieds ou par semis. Celui-ci s'effectue en Avril-Mai, en pépinière, à la volée ou en lignes. Après la levée, on bine à diverses reprises, puis on éclaircit. La mise en place des jeunes plants de semis ou des éclats de vieux pieds se fait en Septembre ou de préférence au printemps; on laisse 0m30 d'écartement entre chaque plant, sur des lignes espacées de 0m50. Les soins d'entretien consistent uniquement en binages plus ou moins nombreux, de façon à tenir le terrain absolument propre. Une plantation à laquelle les soins de culture et d'engrais n'ont pas fait défaut peut rester productive pendant une dizaine d'années.

USAGE. — L'Absinthe est quelquefois employée comme assaisonnement; mais c'est surtout dans la composition de différentes liqueurs qu'elle est le plus utilisée.

D'après Les plantes potagères, description et culture des principaux légumes des climats tempérés - Vilmorin et Andrieux - 1925

Chicorée

Chicorée
chichorium endivia

On la distingue en plusieurs espèces, qui sont : la chicorée de Meaux, la grosse frisée, la courte ou célestine, la fine d'Italie, la régence, la grande et la petite scarole, latifolia. On peut en semer la graine sur couche dès les mois de janvier et février, avec les précautions ordinaires contre les intempéries de la saison. La chicorée courte est la plus propre aux premiers semis, parce qu'elle réussit très bien sur couche et qu'elle vient plus promptement que les autres. En général, on peut semer la chicorée jusqu'à la fin du mois d'août. Lorsque le plant a acquit une certaine force, on le replante dans une terre légère. Quand il est en état d'être employé, on le lie pour le faire blanchir. Il est à propos de semer la scarole un peu tard, parce que si elle était semée de bonne heure, elle monterait pendant les chaleurs ; ainsi, il vaut mieux la conserver pour l'hiver. Cette plante ne veut pas beaucoup d'eau.

D'après Manuel du Jardinier par V. Lucas, vers 1890

Chervis

Chervis
sium sisarum

Cette racine aime un terrain léger et humide. On en sème la graine à la volée ou par rayons dans le mois de mars. Dans la crainte que les insectes n'en rongent les jeunes pousses, on laisse les mauvaises herbes, mais on les arrache lorsque le plant est devenu fort, et alors on a soin de l'éclaircir.

D'après Manuel du Jardinier par V. Lucas, vers 1890

Champignon

Champignon.
Agaricus edulis.

On prépare, pour obtenir des champignons, une couche composée de fumier court, fortement imbibé d'urine et mêlé de crottin, on fait des couches de 60 à 80 centimètres de hauteur et de largeur, on piétine et on arrose de façon a éviter une trop grande sécheresse ; cette opération doit être répétée pendant huit à dix jours. La couche préparée, sera redressée en forme de pyramide et couverte d'un paillis que l'on nomme chemise, et qui sera conservé pendant tout le temps que durera cette couche. C'est alors que l'on doit vérifier la couche, s'assurer qu'elle est suffisamment chaude, puis où y mettra du blanc de champignons, la chemise sera replacée par-dessus, ensuite on lui donnera un léger arrosement. Quinze ou vingt jours après, quelques moisissures indiqueront la germination, il faudra alors couvrir la couche de quelques centimètres de terreau, recouvrir de la chemise, et attendre pour récolter que les champignons soient visibles, il suffit tout simplement de lever la chemise, tordre le pédoncule avec légèreté. Une couche bien réussie peut durer trois mois.

D'après Manuel du Jardinier par V. Lucas, vers 1890

Cerfeuil

Cerfeuil.

On le distingue en commun, scandix cerefolium ; et en musqué ou d'Espagne, scandix odorata. On peut semer le premier depuis le commencement du printemps jusqu'au mois d'octobre. Le musqué se sème au printemps, et il est près d'un mois à sortir de terre.

D'après Manuel du Jardinier par V. Lucas, vers 1890

Betterave

Betterave.

On distingue cette plante par sa couleur. La grosse rouge, beta vulgaris major. Petite rouge, ou de Castelnaudary, rubra minor. La jaune, lutea. La blanche, albida. Au commencement de mars on sème la betterave dans une terre chaude, légère et bien labourée : mais trois semaines plus tard il lui faut une terre forte et froide. On l'arrache en novembre, on en retranche les feuilles et on renferme dans une cave sèche ou dans une serre, sans terre, ni sable, ni paille ; et au mois de mars suivant on les replante pour en avoir de la graine, qui se conservera deux ou trois ans tout au plus.

D'après Manuel du Jardinier par V. Lucas, vers 1890

Asperge

Asperge.

On distingue la commune, asparagus officinalis, et la grosse, major. La culture est la même pour les deux. On les sème et on les renouvelle en achetant du plant de deux ans tout au plus. Il lui faut une terre de bonne qualité, ou bien amendée. C'ette plante craint l'humidité, de sorte que dans un terrain humide, les fosses ne doivent avoir que 35 centimètres de profondeur au lieu de 75 qu'on peut leur donner dans un terrain sec. L'asperge se sème à la mi-février, à 10 centimètres de profondeur, dans des fosses larges de 30 centimètres. La plantation des nouvelles griffes se fait à la fin de mars ou au commencement d'avril. On ne doit couper les asperges qu'au bout de trois ans, soit qu'elles viennent de graines ou de jeunes plants. Au commencement de novembre on coupe toutes les tiges et l'on recueille la graine. Il y a encore l'asperge de Hollande, d'Allemagne, et la grosse ; Ces trois espèces demandent plus de culture et plus de soins.

Artichaut

Artichaut
cynara scolimus.

Quatre bonnes espèces : le vert, le blanc, le rouge, le violet. Les uns et les autres se multiplient de semences ou mieux par oeilletons. Si l'on fait usage du premier moyen, on sème à la fin d'avril, ou en mai, la graine à 3 centimètres de profondeur ; et chaque graine à 10 centimètres d'intervalle. A la fin de mai on repique le jeune plant, s'il est en état, à 1 mètre de distance. Si l'on multiplie par les oeilletons, il faut choisir les plus beaux et les plus sains, les planter au commencement d'avril, dans des fosses profondes de 12 centimètres et dans un terrain bien défoncé et bien préparé ; bien arroser jusqu'à ce que le nouveau plant soit repris, le garantir des gelées du printemps, et surtout de celles de l'hiver. En arrosant beaucoup l'été, on peut espérer du fruit en automne.

D'après Manuel du Jardinier par V. Lucas, vers 1890

Arroche

Arroche
belle-dame, flolette
atriplex hortensis.
Semez clair sa graine en mars. Tout terrain cultivé lui convient.

D'après Manuel du Jardinier par V. Lucas, vers 1890

Chou potager

LE CHOU POTAGER - BRASSICA OLERACEA

Cette espèce a donné naissance à un si grand nombre de variétés de formes et de qualités diverses, qu'il est très difficile aujourd'hui de se faire une idée exacte de la forme primitive. On rencontre cependant encore, à l'état sauvage, sur les côtes de l'Europe septentrionale, un Chou caractérisé par sa tige dressée, lisse et rameuse à feuilles charnues insensiblement décroissantes éparses le long de la tige et non comestibles ; les fleurs sont jaune pâle. D'après de Brébisson, on rencontrerait en France le Chou, A l'état subspontané, sur les falaises du Tréport et de Dieppe.  

Les variétés cultivées se rapportant à l'espèce Brassica oleracea sont très nombreuses et présentent les plus grandes variations de forme.

Usages. –Tous les Choux sont alimentaires pour l'homme ou les animaux.

Autrefois on a fait grand cas du Chou, auquel on attribuait des propriétés vraiment miraculeuses pour la guérison de toutes sortes de maladies  : on sait l'enthousiasme que les anciens professaient pour ce légume, auquel ils prêtaient à la fois le pouvoir de préserver de la peste, guérir les ulcères, dissiper l'ivresse, donner du lait aux nourrices, faciliter l'accouchement, rendre les viandes digestibles, etc. Les anciens juraient par le Chou; Caton en faisait une panacée ; le philosophe Chrysippe lui avait même consacré tout un volume.

Aujourd'hui le Chou doit être simplement considéré comme une plante alimentaire. Seul, le Chou rouge est employé en pharmacie, pour faire le sirop qui porte son nom.

Les Choux peuvent jusqu'à un certain point être rattachés à la catégorie des plantes ornementales. Certaines variétés de Brassica oleracea sont particulièrement remarquables par la forme des feuilles, chagrinées, découpées, incisées ou crépues, ainsi que par le coloris qui peut passer du rose au pourpre violet. Les plus distingués comme feuillage, cultivés en caisses ou en pots, peuvent parfois rendre service pour décorer des péristyles.

Au point de vue alimentaire, on peut diviser les Choux potagers en cinq sections.

1° CHOU CABUS ou CHOU POMMÉ (Brassica oleracea bullata). Dans cette variété, les réserves nutritives s'accumulent dans les feuilles qui, concaves, non découpées s'imbriquent les unes au-dessus des autres et restent serrées de façon à donner une tête globuleuse à l'extrémité de la tige généralement courte (fig. 214). C'est ce qu'on appelle la pomme du Chou. Les feuilles extérieures sont dures et vertes celles du centre blanches, très tendres par étiolement. Lorsqu'on laisse le Chou achever sur pied son évolution, les réserves nutritives entassées dans les feuilles sont utilisées pour le développement de la tige et de l'inflorescence. On obtient ainsi les graines pour le semis. C'est avant la floraison, lorsqu'elles sont très développées qu'on coupe les pommes qui servent à l'alimentation de l'homme.

 

Chou coeur de Boeuf.
Fig 214. Chou coeur de Boeuf.

Les variétés de Choux pommés sont très nombreuses : il yen a de très hâtives, d'autres le sont moins, d'autres enfin ne se forment qu'à l'arrière-saison et sont précieuses pour l'hiver. En voici quelques-unes parmi celles qui possèdent les meilleures qualités, classées par ordre de précocité : Choux-Express, d'York, Joanet (Nantais), Coeur de Boeuf (fig. 214), Non pareil, de Saint-Denis, de Brunswick à pied court, de Noël, etc.

Les Choux doivent être semés à des époques différentes suivant qu'ils sont hâtifs ou tardifs. Les Choux de printemps doivent être semés à la fin d'août, ceux d'été et d'automne en mars-avril, ceux d'hiver en mai-juin. On sème en pépinière et on repique en place, lorsque le plant est suffisamment développé.

2° CHOU DE MILAN OU CHOU FRISÉ (Brassica oleracea capitata). Dans cette variété, les feuilles sont tout d'abord réunies en tête sur le jeune

Chou de Milan (Brassica oleracea capitata)
Fig. 215. Chou de Milan (Brassica oleracea capitata)

pied, mais elles s'étalent ensuite (fig. 215) elles ne sont d'ailleurs point entières comme celles des Choux pommés, mais lobées et déchiquetées. Ces feuilles ordinairement vertes, peuvent être rouges ou panachées.

Les Choux de Milan et les Choux frisés comprennent un grand nombre de variétés utilisées pour l'alimentation de l'homme. Parmi celles-ci, les principales sont les Choux de Milan, de la Saint-Jean, des Vertus, le Chou à grosses côtes, les divers Choux frisés, etc.

A cette catégorie, on rattache les CHOUX DE BRUXELLES. Ici ce ne sont pas les feuilles qui sont comestibles, mais les bourgeons latéraux qui deviennent un réservoir où s'accumulent les sucs nourriciers de la plante (fig. 216). Selon l'époque du semis, on récolte le Chou de Bruxelles à l'automne ou à l'hiver.

A côté de la variété ordinaire très recommandable, il en existe d'autres plus petites, telles que le Chou de Bruxelles nain et le Chou de Bruxelles demi-nain, variété ne dépassant pas 65 centimètres de haut, très rustique et excessivement productive.

Chou de Bruxelles
Fig. 216. Chou de Bruxelles.

3° CHOUX VERTS NON POMMÉS ((Brassica oleracea acephala). On les appelle encore Choux fourragers ou Choux à vaches. Ces variétés à feuilles ondulées, plissées, quelquefois dédoublées ne formant pas de tête à tige généralement élevée, sont de précieuses plantes fourragères qui réussissent parfaitement bien dans les régions de l'Ouest du Centre et du Nord de la France. Leurs feuilles mélangées au foin forment une excellente nourriture pour le bétail. On ne connaît peut-être pas de plantes fourragères pouvant donner par hectare une masse herbacée plus grande que celle fournie par les Choux fourragers dans une terre convenablement fumée.

Les quatre variétés cultivées qui se rattachent à cette catégorie sont :

Le Chou branchu ou Chou du Poitou, appelé encore Chou à mille têtes, cultivé sur une grande échelle, dans les départements de l'Ouest ; c'est le plus productif de tous.

Le Chou cavalier ou Chou en arbre, très rustique, à tige toujours élevée.

Le Chou moellier, à très larges feuilles, à tige renflée dans sa partie médiane c'est le moins rustique des Choux à bestiaux.

4° Le Chou Caulet de Flandre ou Chou cavalier rouge ; plus productif que le Chou cavalier ordinaire auquel il ressemble beaucoup, s'en distinguant principalement par la couleur rougeâtre de ses pétioles. Cette variété est très cultivée dans le Nord où elle réussit bien.

Chou-fleur (Brassica oleracea botrytis)
Fig. 217. Chou-fleur (Brassica oleracea botrytis).

4° CHOUX-FLEURS ET BROCOLIS (Brassica oleracea botrytis). Dans les Choux-fleurs (fig. 217), c'est l'inflorescence tout entière qui devient comestible ; les réserves alimentaires s'accumulent dans les pédoncules floraux et dans les fleurs, avant leur épanouissement, pressées les unes contre les autres en un corymbe serré. Les Choux-fleurs prospèrent principalement dans les pays où l'atmosphère est humide et où la température moyenne est plus élevée que celle des environs de Paris. Tel est le cas de la Bretagne, qui fournit, à elle seule, la plus grande partie des Choux-fleurs consommés à Paris. A Roscoff, en particulier la culture des Choux-fleurs est surtout productive à clause du climat exceptionnel de cette partie de la Bretagne.

Le Chou brocoli remplace le Chou-fleur au printemps ; cette variété se distingue de la précédente par ses pédoncules moins épais, plus allongés et non serrés en un corymbe.

5° CHOU-RAVE (Brassica oleracea caulo-rapa ou Brassica oleracea gongyloïdes). Dans cette variété qui se rattache aux Choux précédents par ses caractères botaniques l'accumulation des sucs nourriciers se fait à la base de la tige, au-dessus de terre (fig. 218). On voit la tige de cette plante se terminer à sa partie inférieure par une sorte de grosse rave (d'où le nom de Chou rave) sortant du sol et non enfouie, portant sur ses flancs des cicatrices qui montrent après la chute des feuilles que des pétioles s'inséraient là que, par conséquent, le renflement alimentaire provient de la tige et non de la racine. Les Choux-raves, jeunes, à demi-formés, sont des légumes très délicats.

Parmi les meilleures variétés on peut citer le Chou-rave blanc hâtif de Vienne et le Chou-rave violet hâtif de Vienne, etc.

Chou-rave (Brassica oleracea caulo-rapa)
Fig. 218. Chou-rave (Brassica oleracea caulo-rapa).

Maladies des Choux. Les Choux sont exposés à de nombreuses maladies dues à la présence d'insectes ou de champignons parasites.

Les principaux insectes nuisibles pour les Choux sont :

Le Charançon du Chou (Ceutorynchus sulcicolis), coléoptère qui ronge les feuilles et les fleurs et dont la femelle pique la racine pour y déposer ses oeufs. Cette piqûre occasionne une sorte de galle où se développera la larve (fig. 219 à 221).

La Noctuelle du Chou (Mamestra brassicae), dont les chenilles percent les feuilles des choux et pénètrent au coeur de la plante. Ce sont surtout les choux cabus qui sont ainsi attaqués (fig. 222 et 223).

La noctuelle potagère (Hadena oleracea), qui s'attaque non seulement au chou, mais à presque toutes les plantes potagères.  


Insectes parasites des choux
Fig 219 à 226. Insectes parasites des choux

Le grand et le petit papillon du chou (Pieris brassicae et Pieris rapae (fig. 224 à 226).

La Punaise du chou (Pentatoma ornata) et le puceron du chou (Aphis brassicae) qui sucent la sève des feuilles.

La mouche du chou (Anthomya brassicae) qui s'attaque aux feuilles, etc.

Un des principaux champignons parasites des choux est le Cystopus caudidus, dont le mycélium se développe dans les feuilles.


D'après Merveilles de la Nature - Les plantes - Le monde des plantes, P. Constantin, 1880

Choux - Brassica

LES CHOUX - BRASSICA

Caractères. Les Choux sont des plantes herbacées annuelles, bisannuelles ou vivaces, ordinairement glabres et glauques, à feuilles radicales pinnatifides, pétiolées, à fleurs jaunes ou plus rarement blanches, disposées en grappes. Sépales dressés ou plus ou moins étalés, égaux ou les latéraux un peu bossus à la base. Le fruit est une silique allongée, linéaire, cylindrique, quelquefois très légèrement comprimée perpendiculairement à la cloison : les valves sont convexes et portent dorsalement une seule nervure. Stigmate tronqué ou bilobé. Graines unisériées subglobuleuses.

Distribution géographique. Le nombre des espèces appartenant au genre Brassica est de 85 environ. Dans ce nombre sont comprises des plantes, dont plusieurs auteurs ont formé des genres distincts comme, par exemple, les Moutardes, dont on a fait le genre Sinapis, mais qui doivent être considérées comme ne s'écartant point génériquement des Choux. Le genre Brassica est très abondamment représenté dans toute la région Méditerranéenne et se retrouve dans l'Asie tempérée et l'Afrique australe. On ne le connaît qu'à l'état cultivé en Australie et en Amérique.

Usages. Les Choux proprement dits (en mettant à part les Moutardes qui se rattachent au genre Brassica par les caractères botaniques mais s'en éloignent par les usages et les propriétés), sont des plantes alimentaires par suite de la mise en réserve de sucs nourriciers dans certaines parties de la plante. Parmi les nombreuses espèces et variétés de Choux qui sont cultivés dans nos potagers ou en grande culture, on peut trouver toutes les dispositions possibles de localisation des réserves nutritives dans les diverses parties de la plante. Ce sont les feuilles qui sont alimentaires chez les Choux pommés ou les Choux verts ; ce sont les inflorescences, chez les Choux-fleurs et les Brocolis ; le bas de la tige chez le Chou-rave ; la racine chez le Navet etc.

Parmi les nombreuses espèces que l'on rattache au genre Brassica, nous n'indiquerons ici que celles qui présentent un certain intérêt au point de vue alimentaire ou industriel. Par la culture, ces espèces ont donné naissance à un grand nombre de variétés et de races qui, au premier abord, semblent très différentes par leur port et par leur appareil végétatif. Voici quelles sont ces espèces, ainsi que leurs principales variétés cultivées.

1 - Brassica oleracea... bulbata, Choux pommés ou cabus capitala, Choux de Milan acephala, Choux verts non pommés botrytis, Choux-fleurs caula-rapa, Choux-raves

2 - Brassica napus... esculenta, Choux navet oleifera, Colza

3 - Brassica rapa... esculenta, Navet oleifera, Navette

D'après Merveilles de la Nature - Les plantes - Le monde des plantes, P. Constantin, 1880

Jardinage en mai

Jardinage en mai

On peut encore semer au mois de mai des betteraves, de la scorsonère, des concombres en pleine terre, surtout le cornichon : le chou-fleur dur et celui d'Angleterre, des cardons de Tours et d'Espagne ; des laitues pour pommer et des romaines ; quelques raves et radis, de la chicorée et scarole, du pourpier en pleine terre, des haricots de toutes espèces et des pois sans pareils, anglais, de Marly , de Clamart, carrés blancs, etc.

On sème le chanvre de Piémont, ainsi que le commun et le sorgo. On finit d'oeilletonner et planter les artichauts.

On peut semer encore quelques graines de fleurs d'automne : quarantaines, nigelles, thlaspis, doucettes ou miroirs devenus, delphinettes, etc. C'est le meilleur temps pour semer celle d'oeillet.

On sème des giroflées pour le printemps suivant.

D'après Manuel du Jardinier par V. Lucas, vers 1890

Voir : Jardinage en mai

Culture des Aubergines

AUBERGINE
Solanum Melongena L. — Solanum esculentum Dun.

Fam. des Solanacées.

SYNONYMES : Albergine, Ambergine, Béringène, Bréhème, Bringèle, Marignan, Mayenne, Mélanzane, Mélongène, Mérangène, Méringeane, Mérinjeane, Vérinjeane, Viadase, Viédase.

NOMS ÉTRANGERS : ANGL. Egg-plant, Jew's apple. — ALL. Eierfrucht, Eierpflanze. — SUÉD. Ägg-fruckts-plantAubergine — FLAM. Eier-plant. — ITAI.. Petronciana, MelenzanAubergine — ESP. BerengenAubergine — PORT. BeringellAubergine — RUSSE Baklaïaïc. — POL. Jajko krzewiste. — JAP. Nasu, Nasubi.

Aubergine de mon potager
Aubergine de mon potager

Inde. — Annuelle. — Tige dressée, ramifiée, feuilles entières, oblongues, d'un vert grisâtre, plus ou moins poudreuses, souvent épineuses sur les nervures ; fleurs solitaires dans les aisselles des branches, courtement pédicellées, à corolle monopétale, d'un violet terne ; calice souvent épineux, se développant avec le fruit qui est une grosse baie charnue. Graine petite, déprimée, réniforme, jaunâtre, au nombre de 250 dans un gramme et pesant 500 grammes par litre ; sa durée germinative est de six ou sept ans.

CULTURE DE PLEINE TERRE. — Sous le climat de Paris, la culture de l'Aubergine ne peut réussir sans le secours de la chaleur artificielle. On sème d'ordinaire sur couche chaude en Février ou Mars et l'on repique également sur couche trois semaines à un mois plus tard. La mise en place, en pleine terre, des variétés hâtives élevées jusqu'à ce moment sur couche peut s'effectuer vers la fin de Mai, quand la terre est bien échauffée; les variétés tardives demandent à être plantées sur vieilles couches. Les Aubergines demandent une situation chaude et bien abritée, ainsi que des arrosements abondants; le paillage du sol est également à recommander. Il est facile dans les potagers d'amateurs d'avancer d'au moins un mois l'époque de production, en repiquant sur couche ordinaire, vers la mi-Avril, les plants les plus forts provenant des premiers semis.

CULTURE FORCÉE. — Dans la région de Paris, on sème d'ordinaire vers fin-Novembre, sur couche chaude entourée de réchauds et lorsque la chaleur se maintient entre 20 et 22 degrés centigrades. La levée des graines demande une huitaine de jours pendant lesquels il ne faut pas donner d'air; on couvre, au contraire, les châssis de paillassons que l'on double si la température l'exige ; après la levée, on enlève les paillassons pendant le jour et on les replace pour la nuit. Pour éviter à la fois la fonte et l'étiolement on aérera pendant les heures chaudes de la journée.

Au bout d'un mois ou lorsque les deux premières feuilles se sont développées, on repique toujours sur couche chaude, en laissant 0m08 à 0m10 entre chaque plant; on mouille et on tient les châssis fermés pendant quelques jours pour faciliter la reprise, en ombrant au besoin si le soleil se montre; la reprise effectuée, ou donne de l'air progressivement pour endurcir le plant et l'empêcher de s'étioler. Certains spécialistes pratiquent un second repiquage quinze jours après le premier, en écartant un peu plus les plants. Ce repiquage n'est pas absolument indispensable pour la réussite de cette culture ; mais, si l'on dispose de coffres en nombre suffisant, il ne faut pas hésiter à l'effectuer, le plant ne pouvant qu'y gagner.

Deux mois après le semis, on met en place sur couche dégageant environ 18 degrés de chaleur, et chargée de 0m20 d'un mélange en parties égales de fumier gras et de terre franche de jardin. Les plants, arrachés avec leur motte, sont disposés à raison de 6 ou 9 par châssis de 1m30. On arrose fortement et l'on tient les châssis fermés et couverts pendant deux ou trois jours pour assurer la reprise; celle-ci effectuée, il faut alors aérer le plus possible, pour obtenir des plantes naines, trapues et de belle venue. On peut utiliser les espaces laissés libres par des semis de Radis hâtifs ou par des repiquages de Laitues gottes ou autres variétés de Laitues à forcer.

Taille. — Dans la culture forcée, comme dans la culture ordinaire, il est indispensable pour obtenir de beaux fruits, bien développés, de soumettre les plantes à une taille raisonnée. Nombre de jardiniers se contentent de ne laisser qu'un nombre restreint de fruits par pied et de pincer vers la fin de l'été l'extrémité des tiges ; mais il est préférable de pincer la tige principale au-dessus de la deuxième fleur ou mieux du deuxième étage de fleurs, car l'Aubergine donne assez fréquemment des fleurs jumelles (quand ce cas se présente il faut en outre enlever une de ces fleurs), et on conserve quatre ou cinq branches en supprimant toutes les autres; les rejets qui se développent au pied de la plante seront aussi supprimés dès leur apparition. Les branches conservées sont, à leur tour, taillées au-dessus de la deuxième fleur, après quoi on supprime tous les bourgeons en ayant soin toutefois de ménager les tire-sève, c'est-à-dire les pousses terminales.

Les autres soins à donner n'ont rien de compliqué; il n'y a plus qu'à aérer et donner des arrosages chaque fois que cela sera nécessaire, à tuteurer les plants qui en auront besoin, à rehausser les coffres ainsi que les réchauds au fur et à mesure de la croissance des plants, à traiter ces derniers contre le Kermès, au moyen de pulvérisations à la nicotine étendue d'eau.

La récolte commence environ cinq mois après le semis; chaque plant peut donner, pendant un mois à six semaines, de dix à douze fruits. Au moyen de semis successifs faits à intervalle d'un mois environ, jusqu'au commencement de Mars, on peut s'assurer une production continue depuis Mai jusqu'en Août, époque à laquelle les premiers semis de variétés hâtives pour la culture de pleine terre commenceront à donner, ce qui prolongera la production jusqu'aux gelées.

CULTURE MÈRIDIONALE.— On sème en Février-Mars sur couche chaude ou sous bâche; on repique en pépinière sous châssis froid quand le plant a 3 ou 4 feuilles, puis on met à demeure en Mai-Juin en terre riche, bien fumée, en laissant 50 à 60 centimètres entre chaque pied. Les soins de taille sont les mêmes que ceux indiqués plus haut, avec cette différence qu'on laisse un peu plus de branches fructifères tout en allongeant légèrement les pincements.

Le semis en plein air, en terre bien préparée et située à bonne exposition, se pratique assez fréquemment et a lieu le plus souvent en Avril. On repique en place quand le plant a développé trois ou quatre feuilles.

L'Aubergine exige des arrosages fréquents pendant l'été et des sarclages répétés; il est bon également de pailler le sol.

ENGRAIS. — L'Aubergine se montre très sensible à l'action des engrais humains liquides. On a obtenu aussi d'excellents résultats dans les cultures importantes avec la formule suivante, complément à une demi-fumure au fumier.

Par are : Nitrate de soude 2 kil.  Superphosphate de chaux 3 kil. Chlorure de potassium 1 kil.

ENNEMIS. — Les limaces et les escargots s'attaquent aux jeunes plants, aux tiges, ainsi qu'aux fruits des sujets adultes.

Le Phytophthora infestans sévit parfois sur l'Aubergine, mais n'exerce généralement pas des ravages importants. Les pulvérisations aux bouillies cupriques, données préventivement, en empêchent l'apparition. Lorsque les plantes sent attaquées, les mêmes pulvérisations produisent le meilleur effet. La destruction par le feu des sujets trop atteints complète le traitement.

USAGE. — Le fruit se mange cuit de différentes manières. -- Les diverses variétés d'Aubergines sont très recherchées comme légumes dans les pays méridionaux.

AUBERGINE VIOLETTE LONGUE.
SYNONYME : Aubergine de Narbonne.
NOMS ETRANGERS : ANGL. Long purple egg-plant. — ALL. Lange violette blaue Eierfrucht.

Plante assez haute, atteignant en moyenne 0m60 à àm70. Tige verdâtre ou faiblement teintée de brun ; feuilles ovales, entières, un peu sinuées-lobées, munies de quelques épines violettes sur les nervures à la face supérieure ; les plus jeunes sont violacées à la base, les autres complètement vertes ; fleurs lilas, grandes, axillaires, à calice brun se développant beaucoup après la floraison, au point d'acquérir, à l'époque de la maturité, des dimensions trois ou quatre fois plus fortes qu'au moment de l'épanouissement de la fleur. Fruit ovale-oblong, un peu en forme de massue, plus renflé à l'extrémité qu'à la base, très lisse, vernissé, d'un violet pourpre foncé.

Chair assez ferme et compacte, renfermant peu de graines, bonne surtout quand le fruit n'a pas encore tout à fait atteint son entier développement. A maturité complète, il mesure environ 0m15 à 0m20 de longueur sur 0m06 à 0m08 de diamètre moyen. Un pied bien venu, de cette variété, peut porter de huit à dix fruits.

L'Aubergine violette longue est la plus recommandable pour les usages culinaires dans tous les pays où l'été est long et chaud. Il lui faut de cinq à six mois de végétation pour mûrir ses fruits ; elle est donc surtout appropriée aux pays méridionaux.

L'Aubergine noire de Nagasaki est très analogue, sinon tout à fait identique à l'Aubergine violette longue.

Aubergine violette longue.  
Aubergine violette longue.  

AUBERGINE VIOLETTE LONGUE HATIVE.
NOMS ETRANGERS. : ANGL. Early long purple egg-plant. — ALL. Lange violette frühe Eiertfrucht.

Sous-variété de l'Aubergine violette longue. Tige presque noire ; feuilles ovales, à peine épineuses, le pétiole et les nervures fortement teintés de violet à la face supérieure. L'ensemble du feuillage est plus grisâtre que dans l'Aubergine violette longue ; les fruits sont aussi gros que ceux de cette dernière, mais un peu moins longs, plus en forme de massue et d'un violet plus foncé.

Cette variété est l'une des meilleures à cultiver sous le climat de Paris, à cause de sa précocité.

AUBERGINE TRÈS HATIVE DE BARBENTANE.
NOMS ÉTRANGERS : ANGL. Barbentane very early long purple egg-plaut. ALL. Sehr frühe blaue Barbentane Eierfrucht.

Tige noire ; feuilles ovales, généralement sinuées, d'un vert foncé grisâtre ; pétioles noirs ; nervures très colorées, surtout à la face supérieure, et faiblement épineuses à la face inférieure; fleurs grandes, violettes, à calice brun. Fruit mesurant 0m20 de long sur 0m05 à la partie la plus renflée, presque cylindrique et un peu pointu, de couleur très foncée, presque noire.

Aubergine très hâtive de Barbentane.  
Aubergine très hâtive de Barbentane.  

L'Aubergine de Barbentane offre l'avantage de pouvoir porter sur un même pied huit à dix fruits mûrissant bien, même dans les régions où l'été n'est pas très chaud. Elle est très précoce et c'est la plus productive des Aubergines pour la région parisienne.

AUBERGINE VIOLETTE NAINE TRÈS HATIVE.

NOMS ÉTRANGERS : ANGL. Dwarf purple very early egg-plant. — ALL. Violette allerfrüheste Zwerg-Eierfrucht.

Aubergine violette naine très hâtive.  
Aubergine violette naine très hâtive.  

Variété très précoce, et par là même très précieuse pour notre climat. Plante ne dépassant pas 0m30 de hauteur, ramifiée, un peu grêle, à tige noire, raide ; fleurs violettes ; feuilles d'un vert un peu grisâtre, allongées et légèrement sinuées sur les bords, à nervures noires en dessus ; pétiole violet-noir, ainsi que les divisions du calice. Fruits de forme ovoïde, longs de 0m08 à 0m10, larges à l'extrémité de 0m05 à 0m06, nombreux, et d'un violet presque noir, mais mats, non vernissés comme ceux de l'Aubergine violette longue ; ils sont ordinairement bons à cueillir un mois au moins avant ceux de toutes les autres variétés, et l'on peut en laisser jusqu'à une douzaine sur un même pied.

Cette variété, en raison de sa petite taille, se prête particulièrement bien à la culture de primeur sous châssis.

Sous le nom d'Aubergine Délicatesse très hâtive nous avons autrefois cultivé une variété qui se rapproche beaucoup de l'Aubergine violette naine très hâtive.

AUBERGINE VIOLETTE RONDE.
NOMS ÉTRANGERS : ANGL. Round purple egg-plant. — ALL. Runde violette blaue Eierfrucht.

Aubergine violette ronde.  
Aubergine violette ronde.  

Tige brunâtre, ainsi que les pétioles et les nervures des feuilles ; celles-ci sont assez amples, bien vertes, larges, peu sinuées sur les bords ; les nervures, violacées en dessus, portent quelques épines ; les pétioles en sont abondamment parsemés. Le fruit, très gros, et d'un violet plus pâle et plus terne que celui des variétés précédentes, n'est pas absolument rond, mais plutôt en forme de poire courte.

Variété plus tardive que les précédentes et, pour cette raison, convenant principalement aux régions méridionales. Un pied ne doit pas porter plus de trois ou quatre fruits.

 AUBERGINE VIOLETTE RONDE TRÈS GROSSE.
SYNONYMES : Aubergine monstrueuse de New-York. Aubergine améliorée deNew-York.
NOMS ÉTRANGERS : ANGL. (AM.) New York improved, large purple (spineless) egg-plant. ALL. RUnde violette New York sehr grosse Eierfrucht.

Aubergine violette ronde très grosse.
Aubergine violette ronde très grosse.

Plante vigoureuse, ne dépassant pas 0m50. Tige, pétioles et nervures légèrement brunâtres ; feuilles grandes, d'un vert mat, sinuées et sans épines ; fleurs grandes, lilas ; calice vert. Fruit presque sphérique, violet foncé vernissé, coloré même sous les divisions du calice ; chair ferme, contenant peu de graines.

Un peu tardive pour le climat de Paris ; mais, dans le Midi, il n'est pas rare d'en obtenir des fruits énormes atteignant, parfois le poids de deux kilos.

Pendant quelques années on a cultivé en Amérique une forme de l'Aubergine violette ronde très grosse à feuilles fortement épineuses. Elle paraît avoir disparu maintenant, sans doute en raison des inconvénients résultant de la présence des épines

AUBERGINE RONDE DE CHINE ou NOIRE DE PÉKIN.
NOMS ÉTRANGERS : ANGL. Purple-black Pékin egg-plant. — ALL. Runde schwarze Peking Eierfrucht.

Aubergine ronde de Chine.  
Aubergine ronde de Chine.  

Plante vigoureuse, de 0m50 de hauteur, presque entièrement violet-noir ; feuilles légèrement épineuses sur les pétioles ; fleurs violettes. Fruit à peu près sphérique, de 0m12 à 0m15 de diamètre, d'un violet-noir lustré, présentant cette particularité que la peau reste complètement verte partout où les divisions du calice la recouvrent et la défendent de l'action du soleil.

Cette variété a peu d'intérêt pour le climat de Paris ; dans le Midi, au contraire, elle mûrit très bien et peut porter jusqu'à cinq ou six fruits par pied.

AUBERGINE BLANCHE LONGUE DE CHINE.
NOMS ÉTRANGERS : ANGL. Long white Chinese egg-plant. — ALL. Lange weisse Chinesische E.

Variété très distincte, à fruits blancs, longs d'environ 0m20, minces et presque toujours recourbés vers l'extrémité qui porte à terre. Plante tardive.

Récolte d'aubergines de mon potager
Récolte d'aubergines de mon potager

On connaît encore un grand nombre de variétés d'Aubergines, se rapprochant de celles que nous venons d'énumérer. Ce sont notamment :

Aubergine violette de Tokyo.  
Aubergine violette de Tokyo.  

Aubergine blanche. Plante aux oeufs.  
Aubergine blanche. Plante aux oeufs.  

Aubergine. de Catalogne. — Plante tardive, épineuse, se rapprochant de l'Aubergine. violette ronde.

Aubergine de Madras. — Plante originaire de l'Inde et introduite par la Société d'acclimatation ; n'est qu'une variété de l'Aubergine commune (Solanum Melongena var. Brissyal). Elle est surtout intéressante comme plante ornementale, quoiqu'on l'emploie, paraît-il, dans l'Inde comme légume. Ses fruits, très nombreux, oblongs et piriformes, présentent cette particularité d'être, sur le même pied, violacés, jaunes et verts, ainsi que panachés de blanc et de jaune. C'est, en tous cas, une forme très primitive, et nous avons trop de bonnes variétés améliorées pour la considérer autrement que comme une curiosité.

Aubergine de Murcie. — Fruit violet, rond, marqué de quelques côtes ; tige et feuilles épineuses ; feuilles plus lobées et nervures plus colorées que chez l'Aubergine violette ronde.

Aubergine extra-monstrueuse des Antilles. — Plante vigoureuse, tardive, sans épines ; fruits ressemblant à ceux de l'Aubergine violette ronde.

Aubergine panachée de la Guadeloupe. — • A fruits ovoïdes, striés en long de violet pâle sur fond blanc ; c'est une variété plutôt ornementale.

Aubergine du Thibet — Variété tardive, à fruit allongé, d'un blanc verdâtre, introduite il y a une soixantaine d'années ; a disparu des cultures.

Aubergine verte — Ne paraît pas une variété distincte et fixée. On trouve souvent, dans les Aubergines blanches, des fruits plus ou moins verdâtres ou panachés de vert.

Aubergine violette de Tokyo — Nous avons cultivé sous ce nom une plante naine, importée des environs de Tokyo, à fruits nombreux, piriformes, d'un violet presque noir ; elle s'est montrée très voisine de l'Aubergine violette naine très hâtive.

La culture de l'Aubergine est très répandue dans tous les pays tropicaux ou tempérés de l'Extrême-Orient ; il existe en IndoChine, entre autres variétés, une Aubergine verte et ronde, paraissant se rapprocher de celle appelée Ao-Nasu par les Japonais. Ces derniers possèdent un grand nombre de races assez perfectionnées, inférieures cependant aux nôtres.

Il en est de même en Chine. Nous avons cultivé sous le nom d'Aubergine Ta-houng-Tszé, une race bien fixée, assez tardive, à gros fruits courtement ovoïdes, et exactement intermédiaire entre l'Aubergine ronde de Chine et l'Aubergine monstrueuse de New- York.

D'après Les plantes potagères, description et culture des principaux légumes des climats tempérés - Vilmorin et Andrieux - 1925

Jardin

Jardin
JARDIN n. m. XIIe siècle. Probablement issu du gallo-roman (hortus) gardinus, « (jardin) enclos », lui-même issu du francique *gart, *gardo, « clôture ».

1. Lieu découvert, ordinairement clos, le plus souvent attenant à une habitation, dans lequel on cultive des légumes, on plante des fleurs, des arbres, etc. Une maison entourée d'un jardin. Jardin potager, fruitier. Les produits, les fruits du jardin. Jardin ouvrier ou familial, se dit de petits potagers loués à des familles aux revenus modestes. Un jardin de curé, voir Curé. Jardin d'agrément, où l'on cultive des fleurs, des plantes d'ornement. Travailler, jouer au jardin, dans le jardin. Faire un tour de jardin. Chaises, tables de jardin. Jardin d'hiver, voir Hiver. Jardin public, aménagé dans une ville et ouvert aux promeneurs. Les allées, les pelouses d'un jardin. Le jardin du Luxembourg, le Jardin des Plantes, à Paris. Jardin botanique, voir Botanique. Jardin alpin, où sont cultivées des plantes de haute montagne. Jardin zoologique, où l'on élève des animaux, notamment exotiques, pour l'étude scientifique et la curiosité des visiteurs. Jardin d'acclimatation, voir ce mot. Jardin suspendu, disposé en terrasses élevées. Les jardins suspendus de Babylone comptaient parmi les sept merveilles du monde. Jardin à la française, dessiné selon des figures géométriques et symétriques, et où sont ménagées de larges perspectives. Les jardins à la française s'inspirent des jardins italiens de la Renaissance. Les jardins à la française de Vaux-le-Vicomte, de Versailles. Jardin anglais ou à l'anglaise, qui offre l'apparence d'une nature agreste par sa diversité, ses lignes sinueuses, ses vallonnements. Jardin japonais, orné de ponts, de kiosques, dans le style particulier à ce pays ; se dit aussi d'un jardin miniature composé de plantes grasses, d'arbres nains, de cailloux colorés, et disposé parfois dans une coupe de céramique. Spécialt. Le jardin d'Épicure, celui où Épicure, à Athènes, dispensait son enseignement ; par méton., le Jardin, l'école philosophique d'Épicure et de ses disciples. Le jardin des Oliviers, où le Christ passa sa dernière nuit en prière, avant d'être livré par Judas.

2. Par ext. Contrée riche et fertile, aux cultures très variées et au paysage harmonieux. La Touraine est appelée le jardin de la France. MYTH. GRECQ. Le jardin des Hespérides, où les nymphes Hespérides gardaient avec l'aide d'un dragon l'arbre qui produisait des pommes d'or. - ÉCRITURE SAINTE. Le jardin d'Éden, le paradis terrestre où vivaient Adam et Ève avant d'en être chassés.

3. Spécialt. Jardin d'enfants, se dit d'établissements ou de classes accueillant de très jeunes enfants. Le Jardin des racines grecques, nom donné par les grammairiens de Port-Royal à un recueil méthodique et versifié des mots fondamentaux de la langue grecque. Jardin s'emploie parfois par extension dans le titre de certains recueils composés sur ce modèle.

4. Locutions et expressions. Disposer d'une chose comme des choux de son jardin, comme si on en était le maître, le possesseur. Fig. Jardin secret, se dit de sentiments, de pensées, de goûts dont on préserve l'intimité. La poésie est son jardin secret. Jeter une pierre, des pierres dans le jardin de quelqu'un, mêler dans une conversation, un discours, des paroles qui l'attaquent directement. C'est une pierre dans son jardin, une remarque désobligeante à son égard. Spécialt. FAUCONNERIE. Donner le jardin à l'oiseau, voir Jardiner. - THÉÂTRE. Côté jardin, désigne par convention la gauche de la scène pour le spectateur, par opposition au Côté cour. Expr. proverbiale empruntée au Candide de Voltaire. Il faut cultiver notre jardin, l'homme doit s'adonner aux tâches qui sont à sa portée, de sa compétence, sans se soucier du reste du monde ou perdre son temps en vaines spéculations. Titres célèbres : Le Jardin des délices terrestres, triptyque de Jérôme Bosch (vers 1500) ; Le Jardin des supplices, d'Octave Mirbeau (1899) ; Jardins sous la pluie, pièce pour piano de Claude Debussy (1904) ; Un jardin sur l'Oronte, de Maurice Barrès (1922).

D'après le dictionnaire de l'Académie française 9ème édition

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JARDIN, s. m. (Arts.) lieu artistement planté et cultivé, soit pour nos besoins, soit pour nos plaisirs.

On a composé les jardins, suivant leur étendue, de potagers pour les légumes, de vergers pour les arbres fruitiers, de parterres pour les fleurs, de bois de haute futaie pour le couvert. On les a embellis de terrasses, d'allées, de bosquets, de jets d'eau, de statues, de boulingrins, pour les promenades, la fraîcheur, et les autres apanages du luxe ou du goût. Aussi le nom de jardin se prend en hébreu pour un lieu délicieux, planté d'arbres ; c'est ce que désigne le mot de jardin d'Eden. Le terme grec de paradis, signifie la même chose. Delà vient encore que le nom de jardin a été appliqué à des pays fertiles, agréables et bien cultivés; c'est ainsi qu'Athénée donne ce nom à une contrée de la Sicile auprès de Palerme ; la Touraine est nommée le jardin de la France par la même raison.

Il est quelquefois parlé, dans l'Ecriture sainte, des jardins du roi, situés au pied des murs de Jérusalem. Il y avait chez les Juifs des jardins consacrés à Vénus, à Adonis. Isaïe, chap. j, vers 29, reproche à ce peuple les scandales et les actes d'idolâtrie qu'il y commettait.

L'antiquité vante comme une des merveilles du monde, les jardins suspendus de Sémiramis ou de Babylone.

Les rois de Perse se plaisaient fort à briller par la dépense de leurs jardins ; et les satrapes, à l'imitation de leurs maîtres, en avaient dans les provinces de leur district, d'une étendue prodigieuse, clos de murs, en forme de parcs, dans lesquels ils enfermaient toutes sortes de bêtes pour la chasse. Xénophon nous parle de la beauté des jardins que Pharnabase fit à Dascyle.

Ammien Marcellin rapporte que ceux des Romains, dans le temps de leur opulence, étaient, pour me servir de ses expressions, instar villarum, quibus vivaria includi solebant. On y prisait entre autres pour leur magnificence, les jardins de Pompée, de Luculle, et de Mécène. Ils n'offraient pas seulement en spectacle au milieu de Rome des terres labourables, des viviers, des vergers, des potagers, des parterres, mais de superbes palais et de grands lieux de plaisance, ou maisons champêtres faites pour s'y reposer agréablement du tumulte des affaires. Jam quidem, dit Pline, liv. 29. ch. 4. hortorum nomine, in ipsâ urbe, delicias, agros, villasque possident. Le même goût continue de régner dans Rome moderne, appauvrie et dépeuplée.

Ce fut Cn. Marius, dont il reste quelques lettres à Cicéron, et qu'on nommait par excellence l'ami d'Auguste, qui enseigna le premier aux Romains le raffinement du jardinage, l'art de greffer et de multiplier quelques uns des fruits étrangers des plus recherchés et des plus curieux. Il introduisit aussi la méthode de tailler les arbres et les bosquets dans des formes régulières. Il passa la fin de ses jours dans un de ces lieux de plaisance de Rome, dont nous venons de parler, où il employait son temps et ses études au progrès des plantations, aussi bien qu'à raffiner sur la délicatesse d'une vie splendide et luxurieuse, qui était le goût général de son siècle. Enfin il écrivit, sur les jardins et l'agriculture, plusieurs livres mentionnés par Columelle et autres auteurs de la vie rustique qui parurent après lui.

Les Français si longtemps plongés dans la barbarie, n'ont point eu d'idées de la décoration des jardins ni du jardinage, avant le siècle de Louis XIV. C'est sous ce prince que cet art fut d'un côté créé, perfectionné par la Quintinie pour l'utile, et par le Nôtre pour l'agréable. Arrêtons-nous à faire connaître ces deux hommes rares.

Jean de la Quintinie, né près de Poitiers en 1626, vint à Paris s'attacher au barreau, et s'y distingua; mais sa passion pour l'Agriculture l'emporta sur toute autre étude; après avoir acquis la théorie de l'art, il fit un voyage en Italie pour s'y perfectionner, et de retour il ne songea plus qu'à joindre la pratique aux préceptes. Il trouva, par ses expériences, ce qu'on ne savait pas encore en France, qu'un arbre transplanté ne prend de nourriture que par les racines qu'il a poussées depuis qu'il est replanté, et qui sont comme autant de bouches par lesquelles il reçoit l'humeur nourricière de la terre. Il suit delà qu'au lieu de conserver les anciennes petites racines, quand on transplante un arbre, il faut les couper, parce qu'ordinairement elles se sèchent et se moisissent.

La Quintinie découvrit encore la méthode de tailler fructueusement les arbres. Avant lui nous ne songions, en taillant un arbre, qu'à lui donner une belle forme, et le dégager des branches qui l'offusquent. Il a su, il nous a enseigné ce qu'il fallait faire pour contraindre un arbre à donner du fruit, et à en donner aux endroits où l'on veut qu'il en vienne, même à le répandre également sur toutes ses branches.

Il prétendait, et l'expérience le confirme, qu'un arbre qui a trop de vigueur ne pousse ordinairement que des rameaux et des feuilles; qu'il faut réprimer avec adresse la forte pente qu'il a à ne travailler que pour sa propre utilité; qu'il faut lui couper de certaines grosses branches, où il porte presque toute sa sève, et l'obliger par ce moyen à nourrir les autres branches faibles et comme délaissées, parce que ce sont les seules qui fournissent du fruit en abondance.

Ainsi la Quintinie apprit de la nature, Des utiles jardins l'agréable culture.

Charles II. roi d'Angleterre, lui donna beaucoup de marques de son estime dans des voyages qu'il fit à Londres. Il lui offrit une pension très considérable pour se l'attacher; mais l'espérance de s'avancer pour le moins autant dans son pays, l'empêcha d'accepter ces offres avantageuses. Il ne se trompa pas; M. Colbert le nomma directeur des jardins fruitiers et potagers de toutes les maisons royales; et cette nouvelle charge fut créée en sa faveur.

André le Nôtre, né à Paris en 1625, mort en 1700, était un de ces génies créateurs, doué par la nature d'un goût et d'une sagacité singulière, pour la distribution et l'embellissement des jardins. Il n'a jamais eu d'égal en cette partie, et n'a point encore trouvé de maître. On vit sans cesse éclore, sous le crayon de cet homme unique en son genre, mille compositions admirables, et nous devons à lui seul toutes les merveilles qui font les délices de nos maisons royales et de plaisance.

Cependant depuis la mort de ce célèbre artiste, l'art de son invention a étrangement dégénéré parmi nous, et de tous les arts de goût, c'est peut - être celui qui a le plus perdu de nos jours. Loin d'avoir enchéri sur ses grandes et belles idées, nous avons laissé tomber absolument le bon goût, dont il nous avait donné l'exemple et les principes; nous ne savons plus faire aucune de ces choses, dans lesquelles il excellait, des jardins tels que celui des Tuileries, des terrasses comme celle de Saint-Germain en Laye, des boulingrins comme à Trianon, des portiques naturels comme à Marly, des treillages comme à Chantilly, des promenades comme celles de Meudon, des parterres du Tibre, ni finalement des parterres d'eau comme ceux de Versailles.

Qu'on blâme, si l'on veut, la situation de ce dernier château, ce n'est point la faute de le Nôtre; il ne s'agit ici que de ses jardins. Qu'on dise que les richesses prodiguées dans cet endroit stérile y siéent aussi mal que la frisure et les pompons à un laid visage; il sera toujours vrai qu'il a fallu beaucoup d'art, de génie et d'intelligence, pour embellir, à un point singulier de perfection, un des plus incultes lieux du royaume.

Jetons sans partialité les yeux sur notre siècle. Comment décorons-nous aujourd'hui les plus belles situations de notre choix, et dont le Nôtre aurait su tirer des merveilles? Nous y employons un goût ridicule et mesquin. Les grandes allées droites nous paraissent insipides; les palissades, froides et uniformes; nous aimons à pratiquer des allées tortueuses, des parterres chantournés, et des bosquets découpés en pompons; les plus grands lieux sont occupés par de petites parties toujours ornées sans grâce, sans noblesse et sans simplicité. Les corbeilles de fleurs, fanées au bout de quelques jours, ont pris la place des parterres durables; l'on voit partout des vases de terre cuite, des magots chinois, des bambochades, et autres pareils ouvrages de sculpture d'une exécution médiocre, qui nous prouvent assez clairement que la frivolité a étendu son empire sur toutes nos productions en ce genre.

Il n'en est pas de même d'une nation voisine, chez qui les jardins de bon goût sont aussi communs, que les magnifiques palais y sont rares. En Angleterre, ces sortes de promenades, praticables en tout temps, semblent faites pour être l'asile d'un plaisir doux et serein; le corps s'y délasse, l'esprit s'y distrait, les yeux y sont enchantés par le vert du gazon et des boulingrins; la variété des fleurs y flatte agréablement l'odorat et la vue. On n'affecte point de prodiguer dans ces lieux-là, je ne dis pas les petits, mais même les plus beaux ouvrages de l'art. La seule nature modestement parée, et jamais fardée, y étale ses ornements et ses bienfaits. Profitons de ses libéralités, et contentons-nous d'employer l'industrie à varier ses spectacles. Que les eaux fassent naître les bosquets et les embellissent! Que les ombrages des bois endorment les ruisseaux dans un lit de verdure! Appelons les oiseaux dans ces endroits de délices; leurs concerts y attireront les hommes, et feront cent fois mieux l'éloge d'un goût de sentiment, que le marbre et le bronze, dont l'étalage ne produit qu'une admiration stupide.

D'après l'Encyclopédie, ou Dictionnaire Raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers de Diderot et d'Alembert, 1751 à 1772